Le cycle menstruel tel qu’on ne vous l’a jamais conté

Autrement dit : « le cycle menstruel de la femme tel que… j’aurais aimé qu’on me le conte à la puberté ».

Pendant longtemps, mon cycle menstruel s’est limité à une battle tampax-spasfon. Quid de mon cours de SVT en classe de 4ème, appris bêtement par cœur tant ces histoires d’hormones, de régulation du cycle ovarien, d’hypophyse, de follicule et d’ovocyte restaient obscures pour moi ? Je l’ai oublié le lendemain du brevet. Je crois qu’on l’a revu au lycée… aucun souvenir. Ensuite, on ne m’en a plus jamais reparlé : ni copines, ni mère, ni même gynéco (sic).

C’est seulement de nombreuses années après mes premières règles (que j’ai eues pourtant tard) que j’ai vraiment compris ce qui se tramait chaque mois dans mon bas-ventre. C’était avec mon mari, devant une monitrice en MAO, une méthode naturelle d’auto-observation du cycle. Je vous assure que j’y allais sceptique ! Voire à reculons ! J’ai alors pris conscience de ma fertilité et je me suis (enfin) émerveillée de mon corps de femme, de ma glaire cervicale… et même de mes règles. Car il faut bien reconnaître que le concept du cycle féminin est assez dingue.

Alors si aujourd’hui je vous parlais de fertilité au lieu d’hygiène féminine (non mais quel nom naze sérieusement : rien que le mot hygiène sous-entend le truc sale) ? Si je vous parlais d’ovulation au lieu de règles ? Si je vous parlais de puissance de vie au lieu de crampes et saignements ? Dans la forme cela ne change pas grand chose, mais dans le fond… vous allez voir. Parce qu’un cycle menstruel ce n’est pas une histoire de protections périodiques, c’est l’histoire merveilleuse, scientifique, naturelle, et magique… d’un ovule. On détricote le cours de SVT sur la reproduction (et la contraception), et on refait l’histoire dans le bon sens ? C’est parti !

Il était une fois un ovule.

Un ovule ? Ce n’est pas anodin ! Déjà c’est la cellule la plus grosse du corps humain. Il mesure environ 150 micromètres c’est-à-dire 15% d’un millimètre (= 30 fois plus gros que la tête d’un spermatozoïde, et toc). On pourrait le voir à l’œil nu : sa taille correspond au trou qu’une aiguille ferait dans une feuille de papier. Mais en plus c’est la cellule la plus puissante : elle contient la moitié (et des poussières) de tout ce qu’il faut pour fabriquer un être humain.

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Ovule et spermatozoïde vus au microscope

Alors vous connaissez THE série de l’année ? THE tube de l’été ? THE gaffe de la semaine ? Eh bien voilà THE ovule du mois… ou l’histoire d’un cycle de fertilité.

Episode 1 : dans l’ovaire

Une femme a un stock de départ d’environ 500 000 ovules soigneusement blottis, chacun, dans un petit follicule ; ils patientent dans ses ovaires depuis sa naissance (ils étaient plus nombreux encore à sa conception). Dès l’adolescence jusqu’à la ménopause, une vingtaine de ces follicules sont nominés chaque mois, parmi lesquels un sera sélectionné pour grossir puis libérer l’ovule qu’il contient. C’est pendant la première phase du cycle, dès la fin des règles, que grossit ce follicule : c’est pour cela qu’on l’appelle la phase folliculaire. Une fois la maturation terminée et sous l’action d’une commande du cerveau (qui décharge l’hormone LH), l’ovule est libéré. Fin prêt, il sort de sa chambre pour aller à la rencontre de… l’amour ♥♥.

Episode 2 : dans la trompe

Cet épisode est celui du premier baiser, ou pas. Il est très court, il ne dure pas plus de 24h ! Quand l’ovule est libéré de l’ovaire, le voilà dans la trompe de Fallope où il attend la venue éventuelle d’un convoi de spermatozoïdes qui viendraient le chercher. S’il en trouve il peut y avoir fécondation, sinon il disparaît. Dans les deux cas le secret est précieusement conservé pour l’instant : les curiosités « alors tu l’as embrassé ou pas ?? » restent sans réponse. Aucune autre partie du corps n’est au courant de ce qu’il s’est passé (c’est pour cela que les tests de grossesse ne vont pas fonctionner tout de suite).

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Episode 3 : dans l’utérus

Cet épisode peut avoir deux fins très différentes, mais le suspense est entier : il faudra attendre pour savoir si l’ovule a été fécondé ou non. Y a-t-il eu premier baiser ? Si oui il y a de grandes chances que l’ovule fécondé cherche à se lover quelque part… mais en attendant la nidation (qui provoquera l’arrivée de la bien célèbre hormone de grossesse hCG), le jeune couple se promène incognito – no spoiler. C’est la phase lutéale : le follicule qui contenait l’ovule est devenu « corps jaune » et en libérant de la progestérone il donne ses ordres à l’utérus, scène de tous les efforts, afin de renforcer l’endomètre (la paroi de l’utérus) et se préparer à accueillir l’ovule que l’on croit fécondé. Pour autant l’utérus n’avait pas dormi pendant les épisodes 1 et 2 puisqu’il assurait l’accueil des spermatozoïdes en fabriquant la « glaire fertile » : j’y consacre cet article.

Episode 4 : dans le vagin

S’il y a eu fécondation et nidation, pas d’épisode 4 dans le vagin : on reste dans l’utérus et ça s’appelle la grossesse. Mais en général c’est maintenant qu’arrive la chute de l’histoire. Le corps réalise que l’ovule n’a pas été fécondé et que l’utérus s’est épaissi pour rien, les hormones partent alors en week-end pour un repos bien mérité : cette chute hormonale déclenche les règles, pour évacuer l’aménagement qui s’avère inutile. Episode 4, fin de la saison. Mais ne vous inquiétez pas une autre s’enchaîne ! La série ne se terminera qu’à la ménopause.

Entre nous, on apprécie mieux nos règles quand on prend conscience de ça non ? Au lieu d’être la corvée pénible qu’il va bien falloir se taper chaque mois, les menstruations sont devenues le signe magnifique (vous me dîtes si je suis trop fleur bleue) que nous avons tout fait pour nous tenir prête à donner la vie. La plupart du temps ça ne marche pas mais le corps de la femme, bon perdant, ne baisse pas les bras et se met à préparer un autre ovule aussitôt qu’il a appris/compris que celui-là n’était pas le bon. Quelle fertilité ! Quelle énergie ! C’est inspirant pour la vraie vie.

Eh oui les gars, nous versons chaque mois notre sang pour – en toute simplicité – sauver l’humanité. Notre cycle menstruel ne mériterait-il pas une croix du combattant ?

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Let’s cycle!

5 réflexions sur “Le cycle menstruel tel qu’on ne vous l’a jamais conté

  1. JC Verduyckt dit :

    Bonjour,
    je vais me permettre de diffuser l’article sur mon blog ( https://www.facebook.com/PermaculteurNaissance/ ) …
    Puis-je me permettre d’ajouter un petit élément .. petit, mais pas si banal que ça ! … ?
    Parfois (mais bien plus souvent qu’on ne l’imagine), le « baiser » se fait, désiré ou non … mais l’étreinte ne satisfait pas tout à fait le Nature. Elle s’éteint, alors, plus ou moins vite … permettant au cycle suivant de se réaliser.

  2. Ju' Moins c'est mieux dit :

    très intéressant ton article merci 🙂 par contre je t’assure qu’on peut le sentir au moment où on tombe enceinte (à l’instant même je veux dire) et ton corps le sait et te le fait savoir, contrairement à ce que tu dis dans l’article. C’est juste que beaucoup de femmes n’y prêtent pas attention ou croient que ça n’a rien à voir mais moi j’ai toujours su que je tombais enceinte juste après le rapport.

    • Cycle Naturel dit :

      Vous avez un super 6ème sens, excellent ! Mais je ne crois pas que la science l’explique (pas encore :-))… certaines parlent de symptômes lors de la nidation (spotting par exemple), environ une semaine après la fécondation, et qui est aussi le moment où l’hormone hCG commence à être sécrétée et à stimuler le corps jaune.

      • Ju' Moins c'est mieux dit :

        Oui effectivement la science ne l’explique pas encore et pour l’utérus je te crois volontiers n’y connaissant rien, mais je peux t’assurer que moi j’avais des sensations particulières dans le ventre et je savais que c’était parce que j’étais enceinte 🙂 Du coup j’aurais pensé que l’utérus était au courant…

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